vendredi 24 mai 2013

Les trois mille qui ne l'étaient pas.

Dans les textes pyrénéistes, çà et là, dispersés comme des pépites d'or, apparaissent quelques trois mille qui, ultérieurement, ne l'étaient pas. La soif des pionniers pour trouver de nouveaux sommets élevés, entraînait quelque exagération sur l'altitude de certains pics, souvent prise à vue d'œil, d'autres avec des outils plus précis. La caractéristique commune est de s'être trouvée, pour un temps plus ou moins long, dans la noblesse pyrénéenne. Bien entendu : noblesse altimétrique.

Nous allons faire une révision de ces cimes. Quelques-unes n'ont pas besoin de présentation, l'écoulement du temps ne les a pas malmenées. Des autres, on a même oublié le nom avec lequel elles furent baptisées un jour. L'établissement d'altitudes plus exactes est un processus qui se poursuit aujourd'hui. Rappelons que, en des temps récents, des cimes ont été supprimées de la liste de trois mille pour n'être pas à l'altitude requise.

Voilà un retour au temps de l'exploration des Pyrénées. Donc ce n'est pas une surprise de trouver les noms de ceux qui se préoccupaient d'établir des altitudes ou réalisaient les premières ascensions.


Faux trois mille dans le massif calcaire.
Autour du Mont Perdu, chanté par Ramond, abondent les candidats au trois mille qui sont restés sur le côté. Chose logique puisque ce fut une des premières zones à être étudiée avec attention. On ne sera pas surpris de voir ici le nom de Franz Schrader qui fut le premier à lever une carte détaillée du massif.

Le Pic d'Escuzana 3050m.
L'altitude du Pic d'Escuzana est aujourd'hui de 2848m. La première référence de son altitude excessive vient de la main de Schrader dans l'Annuaire du Club Alpin Français en 1875. Pendant une ascension au Gabietou avec Célestin Passet le 23 août 1875, il dit : "Quant au vallon de Salarons, le voici en abrégé : à droite, le pic de l'Escuzana (3050m), un peu plus élevé que le Gabietou et hardi comme une flèche de cathédrale". De quoi parle Schrader? L'ascension par le glacier nord les a conduits à la Pointe Orientale du Gabietou, et c'est de là qu'il réalise sa description. On voit parfaitement qu'il décrit la Pointe Occidentale, un peu plus élevée et d'allure aiguë depuis sa pointe jumelle.
Cette altitude du vrai Pic de l'Escuzana n'allait pas persister. Le 10 septembre 1878, Alphonse Lequeutre guidé par Henri Passet, se dirige vers le pic signalé par Schrader. Voici sa conclusion publiée dans l'Annuaire du CAF en 1878 : "Ce pic est désigné sur la carte de mon ami Schrader sous le nom de Pic de la Gatère, et il attribue le nom d'Escuzana à un pic plus septentrional et plus élevé de 200 mètres, situé du reste dans le même vallon et au-dessus des mêmes pâturages. Du sommet où je suis monté, le grand pic se profile sur le Gabiétou et, par conséquent, invisible ; je n'en ai reconnu l'existence qu'en examinant les tracés et les dessins de M. Schrader avec lui, après mon retour à Paris. Mon guide a-t-il donc fait erreur en me conduisant sur le pic de 2840m ? Je ne le crois pas : d'après le vieux chasseur Castetx qui connaît admirablement le pays et d'après les renseignements des gens de Torla et de Boucharo, le nom de la Gatère s'appliquerait seulement aux murailles, et le nom d'Escuzana aux pâturages et aux pic (sic), et naturellement au seul pic visible de la vallée de Broto, c'est à dire au pic de 2840m. dont j'ai fait l'ascension. Quant au pic de 3050m, on l'ignore, et on le confond avec le Gabiétou. Je crois donc pouvoir désigner, au moins provisoirement, sous le nom de l'Escuzana, le sommet que j'ai atteint, sauf à donner plus tard, s'il y a lieu, au pic de 3050m le nom de grand pic de l'Escuzana. Ce à quoi penchent du reste mon ami Schrader et notre guide Henri Passet."
Ce qui est arrivé ici est donc une erreur toponymique. Le pic de la Gatère de Schrader c'est le vrai Pic de l'Escuzana ; et le pic de 3050m c'est en réalité le Grand Gabiétou.

Les murailles de la Gatère et le Pic de l'Escuzana, vue prise de Torla (Dessin de F.Schrader, d'après nature). Annuaire du Club Alpin Français 1878. [google.books]

Le Pic d'entre les Brèches 3000m.
Une simple note d'Henri Beraldi dans "Cent ans aux Pyrénées. Livre V" nous parle de ce trois mille. Il est, évidemment, aujourd'hui nommé Pic Bazillac. Beraldi relate la campagne d'Henri Brulle en 1888. Le 20 août, guidé par Célestin Passet, il monte par la voie nord. Cette voie avait été déjà parcourue deux fois auparavant : en 1887 par Bazillac et le même Célestin et en 1888 par de Monts, Viennot et Henri Passet. Le rocher verglacé leur avait posé bien des problèmes. Dans les carnets posthumes de Brulle "Ascensions. Alpes, Pyrénées et autres lieux", recueillis par Beraldi et Arlaud et publiés pour la première fois en 1936, le Pic entre les Brèches figure déjà avec son altitude actuelle de 2972m.

Les vrais jumeaux pyrénéens : Castor et Pollux.
En plus des Jumeaux mentionnés par d'Espouy dans les cimes de la crête nord des Posets, les Pyrénées possèdent une paire plus ancienne et, comme dans les Alpes, mieux nommée. La nomination vient, une fois de plus, d'Henri Brulle. Ce sont les deux sommets ou gendarmes qui se placent sur la crête qui va de l'Astazou Occidental au Pic de Marboré et qui définissent, par conséquent, le triple col d'Astazou entre Gavarnie à l'Ouest et Tuquerouye à l'Est. Le 8 août 1904, Henri Brulle, son fils Roger et René d'Astorg atteignent le dit col en montant par les Rochers Blancs et poursuivent la crête au Sud, passent par le sommet du Castor (3008m.) et, du col intermédiaire entre les deux pointes, vont vers Tuquerouye afin de descendre vers Gavarnie par la Hourquette d'Allanz. Le 18 du même mois, Brulle avec d'Astorg et Germain Castagné contournent le Pollux dans leur descente du Mont Perdu vers Gavarnie [BRULLE, Henri. Ascension. Orthez, PyréMonde, 2006]. Les altitudes actuelles sont de 2986m pour la cime Sud : Pollux ; et de 2983m pour la cime Nord : Castor.


Faux trois milles à Troumouse.
La crête du cirque de Troumouse ne se borne pas seulement au parcours classique entre le Gerbats et La Munia, une autre section assez intéressante se déroule entre le col de La Munia et le Port de la Canau sur la partie occidentale du cirque. L'altitude décroît depuis la cime de La Munia et ne dépasse pas les trois mille mètres. Néanmoins, durant un temps, deux sommets de trois mille ont existé dans cette zone. Comme tous les deux sont liés, autant par leur genèse que par leur histoire, nous les verrons en même temps.

Pic Arrouye 3039m. et Pène Blanque 3025m.
Dans un dessin de Schrader en 1873, figure un Mount Arrouye avec 3030m. à l'Ouest de La Munia. Ce sommet est cité par Lequeutre dans l'Annuaire du CAF 1875. En 1882, dans l'édition de la feuille Luz de la Carte d'État-major, un Mont Arrouye de 3039m tient compagnie à La Munia. En 1912 c'est Juli Soler i Santaló qui nomme des "Blanques de Lalarri 3000m" dans le Bulletin du CEC. En 1920 c'est Jean Arlaud, d'après ses carnets, qui le gravit. Cette même année, Jean-Pierre Rondou signale dans le Bulletin Pyrénéen, "Essai sur la toponymie de la vallée de Barèges" que : "Les deux cotes d'altitude données par l'État Major, 2811 pour Pène Blanque et 3039 pour le Mont Arrouy, sont interverties, selon M.Briet. C'est Pène Blanque qui est le plus haut sommet de cette partie de la crête, et auquel il faut attribuer 3039m.". Par la suite, Arlaud y retourne pour monter au Pène Blanque, signalant une altitude de 3025m, mais en maintenant les 3030m pour le Pic Arrouye. Finalement, en 1938, le général H. Barrère signale la perte du rang de trois mille pour le Mont Arrouye par suite de la triangulation faite durant la période 1913-1919 par Maurice Heïd. Les résultats de cette triangulation ont été publiés sous le nom "La Triangulation complémentaire du massif de Troumouse" par Marrimpouey Jeune, Pau. Le commandant d'alors, M. Barrère, signale que les différences d'altitude entre ces deux sommets ont leur origine dans une importante erreur de planimétrie de la carte d'Etat-major, où les deux sommets donnent un écart planimétrique respectivement de 300m et 500m. En notant que : "Ces erreurs semblent dues à des visées d'intersection ne se coupant pas bien et ayant de fortes pentes ; visées faites depuis l'aire du Cirque. Le décalage en cote correspond presque exactement à celui de la planimétrie, si on admet les visées zénithales déterminantes comme prises de l'emplacement de la Vierge du Cirque." Les altitudes actuelles sont 2888m pour le Mont Arrouy et 2902m pour le Pène Blanque.

Schéma de la Triangulation complémentaire du massif de Troumouse. Maurice Heïd. 1938.


Le Luchonnais, alentours du Pic Maupas.
Le Pic Maupas est un repère géodésique important dans les Pyrénées, car il copartage la catégorie du signal de premier ordre des triangulations française et espagnole. Dans ses environs on avait cru aussi entrevoir deux cotes dépassant les trois mille mètres mais qui, finalement, ne les atteignaient pas.

Forca de Remuñe 3000m.
L'inclusion de la Forca de Remuñe dans le club des trois mille vient de la main de Henry Russell, qui, en 1881, dans un article publié dans l'Annuaire du CAF le définissait comme : "pic de premier ordre qui doit presque atteindre les 3000m". C'est manifestement une estimation à l'œil un chouia excessive, puisque ledit sommet cote 2945m aujourd'hui.

Mail Barrat ou Boum Oriental 3060m.
La considération de cette cime comme 3000 dura assez longtemps : elle fait son apparition comme Mall Barrat dans le Guide Soubiron en 1920, puis réapparaît dans les guides et cartes ultérieures. Il faut signaler que l'erreur semble venir de l'altitude octroyée au Boum dans la carte "Les Monts Maudits" de Charles Packe en 1866, où on signale une altitude de 3060m. Russel la découpe en deux cimes en parlant d'un Deuxième Boum avec 3000m, découpage qui se voit dans des cartes plus tardives : le Boum Occidental avec 3010m et l'Oriental avec 3060m (Carte de Ramón de Semir publiée par le CEC en 1928 ; feuille 3 de la Carte Ledormeur en 1945...) bien que, à ce moment là, accompagnés du vrai Mall Barrat avec 2970m. À signaler, en passant, un Port Bielh à 3060m cité dans "Les Guides Bleus" de l'Éditeur Hachette, où on ne se sait pas s'il est le Port Vielh ou le supposé Boum Oriental.


Le Cotiella.

Cotiella 3010m-3130m.
Le Cotiella, visible d'une grande partie de la Chaîne, ne pouvait pas rester en dehors de cette liste. Corabœuf, en 1825, lui octroyait une altitude de 2910m dans ses lignes de mire depuis les signaux français. Cette altitude fut corroborée par Enrique Uriarte et Manuel Quintana lors des opérations géodésiques faites en 1864 et qui entraînèrent sa conquête. Cette ascension, soupçonnée mais inconnue jusqu’à il n’y a pas longtemps, fut suivie un an après, en 1865, par Henry Russell, qui jugeait la hauteur du Cotiella de 3010m. De plus, en 1875, Franz Schrader cite dans l'Annuaire du CAF une altitude de 3130m, valeur relevée dans un nivellement depuis La Munia. Même si, en 1877, à l'occasion de sa montée au pic, il l'établissait définitivement à 3010m. Il semble y avoir un acharnement pour classer le Cotiella parmi les trois mille, puis on s'aperçoit que dans la Reseña Geográfica y Estadística de España, publiée par l'Instituto Geográfico y Estadístico en 1888 et 1912, on boude la donnée fournie dans la campagne géodésique de 1864, et on copie sans honte l'altitude donnée par Schrader dans l'Annuaire du CAF, avec 3130m.


Massif de Cotiella, vue prise de la Punta de Salinas. Reproduction, par le procèdé Gillot, d'une esquisse de M. F.Schrader. Annuaire du Club Alpin Français 1877. [google.books]

Punta Suelza 3000m.
Nous ajoutons ici un autre trois mille mentionné aussi par Schrader. Dans l'Annuaire du CAF, en 1874, il cite le Pic Los Libones 3000m dans un nivellement fait depuis le Balcón de Pineta. En 1878, il connaît déjà son nom, Punta Suelza, mais il maintient l'altitude de 3000m.


Aux Monts Maudits.
Le massif le plus haut de la Chaîne accueillait de nombreux sommets qui étaient réputés comme des trois mille, et qui furent conquis pour cela.

Pic Central d'Estatats 3000m.
L'attribution de l'altitude et sa première visite sont l'œuvre d'Henry Russell, qui, dans l'Annuaire du CAF 1883, décrit son ascension du 31 août 1883 accompagné de Firmin Barrau et d'un jeune benasquais. Selon la carte de Schrader, sa hauteur est jugée un peu en-dessus des trois mille. Dénommé comme Pic Central d'Estatats, Russell signale deux autres pointes plus orientales précédant le Pic Eroueil (Aragüells) qui, étant plus élevées, dépasseraient, elles aussi, les 3000m. L'altitude actuelle est de 2986m et son nom : Pico de Cregüeña.

Pic Oriental d'Estatats 3000m.
En 1902, Fontan de Négrin, d'Ussel, Bertrand Courrège et Pierre Rauzy, suivent le témoignage de Russell et convoitent de s'octroyer une première sur un plus de trois mille avec cette pointe-là, qu'ils atteignent le 3 octobre (Annuaire du CAF 1903). L'altitude réelle est 2990m Pico de l'Agulla.

Pic de Piedras Albas 3010m.
C'est l'autre sommet noté par Russell, le plus proche du Pic Aragüells. Sa hauteur, aujourd'hui, est 2993m, Piedras Albas ou Tuca de Aragëlls.

Quelques-unes de ces pointes-là dans la crête d'Estatats ont figuré longtemps dans la cartographie et bibliographie comme trois mille. Citons la Mapa Topográfico Nacional en 1934, feuille 180; la carte de Léon Maury "Les Monts Maudits" en 1945; les premières éditions des cartes Alpina "Alto valle del Ésera I - La Maladeta" en 1958; le Guide Posets-Maladeta d'Armengaus et Jolís en 1957 et 1968; l'œuvre de Cayetano Enríquez de Salamanca "Por el Pirineo Aragonés" en 1976.


La Sierra de Montarto.
Avec ce nom on nommait toute la chaîne de montagnes qui se lève à l'orient de la rivière Noguera-Ribagorzana et qui borne au midi le Val d'Aran, allant des Beciberris au Montarto. Explorées tardivement, leurs altitudes n'étaient pas claires.

Pointe Lequeutre 3028m.
Cette altitude lui est octroyée par Fontan de Négrin lors de son ascension au Comoloforno en suivant cette voie en 1900. Le récit peut se trouver dans le Butlletí nº 105 du CEC en 1903. Négrin conclut, comme Brulle et Bazillac, que le Comoloforno est un pic d'abord difficile. Le passage de la brèche qui sépare la Pointe Lequeutre de la pointe Passet est vraiment hardi à l'époque. Actuellement elle cote 2967m.

Pic d'Abellanés ou sans nom 3000m.
Au même moment, en 1900, Fontan de Négrin s'adjugeait la première d'un pic placé à l'Est de la Pointe Senyalada, et séparé du Comoloforno par un col profond. Il juge une hauteur de 3000m et signale que, même sans nom dans les cartes, il est connu dans le pays sous le nom de Pich d'Abellanés. En fait, ce n'est pas une première, puisque Russell avait ascensionné ce pic en 1869 en croyant gravir le Beciberri. Le comte le nomme Besiberri Occidental 2980m, hauteur plus réelle.


Aigües Tortes.
Dans l'endroit splendide d'Aigües Tortes et San Mauricio, un grand nombre de sommets frisent les 3000m. Il n'est pas étonnant que quelques auteurs aient placé là des trois mille qui ne l'étaient pas.

Pala Alta del Serrader 3001m.
Découverte par Franz Schrader en 1880 avec le nom de Comolos-Altes à l'occasion de sa première ascension à la Pointe Alta. La première fois que nous la trouvons avec une altitude de 3000m, c'est dans le Butlletí du CEC nº105 selon Fontan de Négrin. Dans la Carte Nationale Espagnole, dans la feuille nº186 en 1936, apparaît le nom de Punta Alta et 3001m. Dans le guide du CEC Pallars-Aran en 1971, œuvre d'Agustí Jolís et Maria Antonia Simó, cela se poursuit avec 3001m et le nom de Pala Alta del Serrader. L'altitude actuelle est de 2983m.

Grand Pic de Colomers 3005m.
Schrader lui octroie une altitude barométrique de 3005m le 11 août 1880, bien qu'il note que l'altitude par visées soit de 2926m.

Pic San Cristobal 3170m.
Maurice Gourdon, dans l'Annuaire du CAF 1879, signale ce pic. Il accomplissait son ascension le 30 juillet 1879. Un des bergers lui signale le nom utilisé. Schrader mettra son vrai nom et altitude dans l'Annuaire du CAF l'année suivante, c'est le Pic de Peguera de 2982m.

Pic de San Cristobal (Sierra de los Encantados) Maurice Gourdon. Annuaire du Club Alpin Français 1879. [google.books]


Les Pyrénées Orientales.
Dans les Pyrénées Orientales se révèle aussi un trois mille, donné dans ce cas, sans aucun outil de mesure.

Mont-Rouge 3000m.
Le témoignage vient de la main de Russell dans ses "Souvenirs d'un montagnard", où il narre son retour de l'Espagne en 1864 quand il fut appréhendé par les douaniers du village de Couflens "aux pieds du Mont-Rouge 3000m".

À tout cela, il faut ajouter ces cimes données pour trois mille dans les listes de Buyse et qui, depuis 1993, ont vu diminuer leur hauteur suite aux levées des Instituts Cartographiques.
Ce sont:
Diente Royo : de 3010m. à 2991m.
Frondella Suroeste : de 3001m à 2989m.
Arnales : de 3006m. à 2996m.
Besiberri del Mig Norte : de 3002m à 2996m.
Besiberri del Mig Sur : de 3003m. à 2995m.
Punta Célestin Passet : de 3002m. à 2998m.

FTer

Aucun commentaire: